Je suis déchirée entre l'envie d'une danse endiablée entre les rayons en risquant comme toujours l'engueulade avec la patron et restais sage à me faire chier pendant ce moment de creux de la journée. Et bien, oui, la jolie et studieuse Lyra est absente pour le moment : coup de folie à l'horizon, besoin d'évasion, d'un trop plein de n'importe quoi. Je vrille entre les bouquins que je dois ranger car pleins de nouvelles choses viennent arriver et en triant, je fais des folies parce que je veux lire, je veux conseiller mais surement pas ranger dans un endroit vide de monde en solitaire alors que d'habitude, je n'ai rien contre la solitude. Ouais, c'est ma petite personne en fait, je suis imprévisible. Je ne veux pas les gens, je veux leur donner le service et mettre mes qualités de conseillère et de grande pro du bouquin en pratique. Je prend mes écouteurs et commence alors à l'allumer pour que le son se diffuse dans mes oreilles. Je navigue entre les rayons sautant par dessus les rames de bouquin, virevoltant risquant de tomber par instant ; je danse comme si rien ne pouvait me stopper, comme si je pouvais vivre mieux en faisant ça quitte à encore me faire engueuler. Si certains de mes proches étaient là, ils m'engueuleraient mais peu importe ... enfin sauf quand je fonce dans un stock de bouquin parce que j'étais dans la lune et qu'ils tombent sur les pieds de quelqu'un ... Je lève les yeux et découvre Georgia ... oh god ! Un seul son débile sort de ma bouche : Huhuuu... Je souris, très génée.

© dark dreams.

Je range ma blouse dans mon casier, salue mes camarades de l'hôpital et quitte ce dernier sur un pas quelque peu pressé. Il y a eu un cas en traumatologie aujourd'hui qui m'a retourné le ventre et je ne me sens pas bien... Mais alors pas bien du tout. Voir un enfant de six mois à moitié mort à cause des coups que lui ont infligé ses parents... C'est trop pour moi. C'est d'ailleurs pour ça que je n'ai pas voulu me spécialiser dans la pédiatrie. Je ne pourrais jamais survivre en voyant ce genre de choses, c'est trop pour moi. On l'a reçu aux urgences parce que la voisine a entendu hurler le bébé puis les parents. Elle nous a tout raconté et j'ai le sang qui se glace rien que d'y penser. Il faut que je me change les idées, que je parle avec quelqu'un, que je m'évade et je sais comment je peux le faire. Je monte dans le premier bus qui passe et enfonce mes écouteurs. De la musique. J'ai besoin de musique. J'ai besoin d'écouter un groupe d'adolescents chanter des reprises, d'écouter des stars internationales et de chanter avec elles. Enfin, à voix basse parce que je suis une vraie casserolle. Seulement bouger les lèvres. C'est peut être mieux. Après un certain temps dans le bus, j'arrive à destination et coupe ma musique. J'enfonce tout dans mon sac à main et passe la porte de la librairie. Il y a une vieille dame au niveau de la caisse et je lui souris. J'ai envie d'un nouveau roman, quelque chose qui va me passionner pendant des heures et des heures. Mais je ne sais pas ce qui est sorti récemment. Je n'ai pas eu le temps de faire mon tour habituel sur les sites de vente de bouquins pour faire mon choix. Dommage. J'avance dans les rayons et regarde les catégories de bouquins. Les Agatha Christie et compagnie, pas pour moi ! Je préfère un truc un peu niais, une belle histoire d'amour comme je n'en vivrais jamais. Je tourne la tête et vois Lyra qui danse et sautille tout en rangeant les bouquins. Une vraie pile électrique. Je n'ai pas le temps de lui faire un signe qu'elle percute un stock de bouquin qui me tombe dessus. J'ai juste eu le temps de reculer et il n'y a qu'un vieux Twilight qui me tombe réellement sur les pieds. Merci la pile électrique. Elle me regarde et le son qu'elle émet me fait rire. J'ôte ses écouteurs et fronce les sourcils. « T'aurais pu nous tuer Lyra ! » La grondais-je comme on gronde une enfant. « Fait tout ramasser maintenant » Oui parce qu'on ne peut pas laisser ça dans cet état et que je ne vais pas la laisser le faire seule. Je suis trop gentille. J'entends des pas et m'empresse de ramasser quelques bouquins. « Je suis désolée je ne vous avais pas vu » Lançais-je à la jeune étudiante alors que sa patronne se dirige droit sur nous. Elle va me devoir un sacré service !

Je suis dans une folie totale parce que j'ai envie tout simplement et que c'est ainsi. Ça me fait rire, je me fais rire tout simplement. Je suis juste trop dans une vague de folie si bien qu'il n'est pas dur que je parte en vrille et c'est à présent le cas quand je me met à virevolter dans les rayons sans aucune assurance de ne pas tomber vu les arrivages de nouveaux bouquins pour nos collections. Je me balance et virevolte jusqu'à faire tomber quelques bouquins sur les pieds d'une personne, personne qui n'est autre que ma cop's Georgia qui me regarde avec un air de réprimande; je vais prendre cher ! Elle semble pourtant ne pas résister à mon petit cris spontanée mais bizarre et rigole lègèrement. Je souris telle une enfant prise en plein délit. Je me relève doucement pour etre droite comme un "i" alors que mon amie se met à me gronder en enlevant mes écouteurs qui ont tenu le choc parce que ouais, j'aurai pu nous faire mal. Je grimace avant de dire : Mais c'est bon... faut se lâcher hein ... d'un air de mauvaise enfant qui ne semblait pas plaire, je crois. Je recule et m'appuie sur une étagère avant de souffler telle une sale gosse avant de me décider à ramasser et elle m'aide. Je souris parce qu'elle est trop gentille malgré qu'elle m'énerve quand elle joue trop les mamans avec moi surtout que c'est bien connu, j'en ai jamais eu besoin, j'en ai pas besoin aujourd'hui. Je passe ma main dans une poignée de cheveux rebelles. là, on entend des bruits de pas et je sens que c'est ma patronne qui a du entendre le bruit mais alors qu'on se relève, ma camarade m'étonne en s'excusant d'avoir fait tomber la pile. Je la regarde avec de gros yeux, montrant que ça me saoule et que j'ai rien demandé puis quand ma patronne part, je pars directe : Est-ce que je te demande de m'aider ? Est-ce que j'ai besoin de toi là de suite ? Je n'ai rien demandé et j'assume ma merde... Ce n'était qu'une petite connerie et il fallait qu'elle se mêle pour me protéger et ça m'énervait, je n'aimais pas qu'on me sorte de mauvaises situations surement parce que je n'étais pas habitué et que je voulais pas comprendre qu'on veuille être là pour moi, puis c'était rien en plus franchement ! Du coup, ne voulant pas en rajouter, je prenais des livres et les ranger dans les étagères libres.

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J'ai cette habitude de materner tout le monde, de prendre soin de tout le monde et ça ne marche pas avec tout le monde. La plus part des gens sont contents qu'on prennent soin d'eux mais ce n'est pas le cas de Noaly. Oui, elle est plutôt du genre à me fuir et à m'envoyer me faire foutre quand ce que je lui dis ne lui plais pas. Mais c'est plus fort que moi. Elle a plus douze ans, il faut qu'elle se contrôle et qu'elle fasse attention à ce qu'elle fait. Je n'ai rien eu mais si c'était une gamine à ma place, elle aurait eu mal, elle aurait pu se casser un bras ou je ne sais quoi... Et ça, je pense que la patronne de Noaly ne l'aurait pas accepter. C'est normal en même temps... Je veux dire, on doit être sérieux sur son lieu de travail. C'est comme ça et puis c'est tout. Comme ce chirurgien qui écoute de la musique pendant des heures dans ses salles d'opération. Ça me déprime, ça me dépasse, ça m'exaspère pour tout dire ! Mais Noaly peut se contrôler. Si elle veut danser, elle n'aura qu'à venir avec moi à mon cours de danse. Ça pourrait la défouler. Je me demande si elle se défoule d'ailleurs... Parce qu'elle est toujours surexcitée et presque insolente ! Je rêve ! « Mais c'est bon... faut se lâcher hein ... » Je fronce les sourcils et la regarde un peu choquée. Je sais bien que je suis trop stricte, à fond sur les règles mais elle, elle n'en respecte aucune. Et quand je tente de lui éviter des problèmes, elle se fait encore plus insolente. Ok. Je pose le livre que j'ai en mains sur le présentoire qu'elle a bousculé toute à l'heure et bouillonne intérieurement. J'ai eu une journée fatiguante ce n'est pas le moment pour qu'elle me casse les pieds. « Eh bien assumes la et ranges bien » C'est bien un truc qui me dépasse les gens qui ne sont pas reconnaissants. Je ne lui demande pas qu'elle me baise les pieds mais un petit sourire serait mieux que cette tête renfrognée à laquelle j'ai le droit depuis quelques longues secondes. J'enjambe les quelques livres sur le sol et regarde les couvertures de certains bouquins. « Tu pourrais quand même accepter qu'on te vienne en aide des fois. Je te demande pas de me remercier mais bon. Bref » Concluais-je en attrapant un bouquin et en commençant de lire la quatrième de couverture. Je déteste me prendre la tête avec quelqu'un même si c'est loin d'être méchant ou autre. J'aime juste être en bon terme avec les gens. C'est la vie. « Bon et sinon la pile électrique, tu me conseilles quoi comme bouquin pour m'évader » Je ne lui dis pas mais j'aimerais bien être aussi loufoque et insousciente qu'elle de temps en temps. Ça me ferait du bien de me détendre. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Je ne suis pas comme ça. J'ai trop l'habitude de tout calculer.

Je sais que je n'en fais qu'à ma tete, que j'ai un caractère de chiotte parfois et qu'on peut me reprocher mille et une chose mais je supporte pas et c'est comme ça, je peux pas. J'ai l'impression qu'on veut me prendre ma liberté et je déteste ça si bien que je suis agressive avec cette fille, mon amie, ma protectrice qui a voulu seulement me protéger et au fond, je m'en veux sans vraiment m'en vouloir alors qu'elle semble halluciner de mon comportement. Je ne peux que la comprendre sans vraiment le vouloir : ouais, je crois que au fond, on n'est vraiment plusieurs dans ma tete. J'ai toujours eu la facilité à comprendre les gens mais à vouloir faire semblant que non, tout en laissant des indices comme quoi ouais, je te comprend mais je veux pas aller dans ton sens quand meme tant que tu vas bien. Je sais vous ne comprenez pas. Je lui souris pas vraiment ramassant doucement les livres alors qu'elle me montre son mécontentement par quelques phrases bien placées. Je grimace alors qu'elle me laisse, du coup, me démerder et je joue celle qui en a rien à foutre m'occupant donc de mon boulot en mode tranquille, sans aucun soucie. Elle me regarde enjambant ensuite quelques livres mais je décide avant de rétorquer un peu parce que j'suis une sale gosse moi : Bah écoute ... je t'ai rien demandé, c'est gentil effectivement mais tu ne peux pas me sauver à chaque fois, j'veux pas, j'assume ma merde et c'est tout moi je vis comme ça et toute manière on s'en fou de ce qui peut m'arriver ! Elle fait donc les cents pas vers l'autre coté de la pile tandis que je poursuis, pensif, le rangement des livres dans les rangées. Ainsi, je montre aussi ma passion et que je n'en ai pas tant que ça à faire rien qu'au contact, touché avec ces perles, ces bouquins et elle semble vouloir relativiser comme toujours incapable de me faire la gueule en me demandant quelques conseils sur les bouquins. Ça m'apaise tout de suite et je lui souris en tirant sa main pour changer de rayon. J'ai quelques idées plus loin alors je la tire mais je m’arrête entre deux dans le couloir principal de cette formidable bibliothèque si gigantesque : Tu voudrais plutôt quoi ? Ton style ? Tu lis beaucoup toujours ou ça fait longtemps que tu n'as pas eu le temps ? Il fallait dire que c'était les questions essentiels pour cibler un ouvrage meme la fréquence, la période durant laquelle elle n'avait pas lu était important parce que ca donnerait plus de propositions, des nouveautés, des classiques perdus. Je souriais toute vive et joyeux d'un coup.

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