Avec la rentrée, les cours reprenaient, mais aussi les clubs. Il y avait un monde fou dans les salles et le complexe sportif à cette période de l'année. Les étudiants étaient encore plein d'effervescence et de motivation. Tout allait rapidement changer, comme chaque année. C'était une observation -une vérité- que m'amusait assez pour me faire sourire du coin des lèvres. Le train train quotidien reprenait son cycle. Je soupirai tandis que mes yeux se posèrent sur la silhouette de l'arrivant. Nous n'étions que quelques uns dans la salle d'audiovisuel, mais aucun que je ne connaissais ou avais envie de communiquer avec. J'étais sélective, c'est vrai, et je l'assumais entièrement. Il fallait vraiment creuser pour qu'une amitié puisse naître. Pour le moment, je me focalisais sur l'étranger -pas si inconnu que ça- qui venait de franchir la porte. Sutherland. Je fis la moue et avant que je ne puisse m'y résoudre, le passé envahit mes pensées et les pourrirent jusqu'à la moelle. La nuit passée ensemble ressurgit comme un éclair et le rouge teinta mes joues. Et puis, mes pensées dérivèrent et George y planta son drapeau. Il était mort, mais je ne pouvait me résoudre à l'oublier et oublier le malheur qu'à provoquer sa perte. Mes yeux s'assombrirent, encore pointés vers le blond. Peut-être était-ce l'absence total de réactivité de ma part qui le poussa à venir s'assoir à côté. Peut-être était-ce entièrement intentionnel. Je me raidis sur ma chaise. Je n'avais aucune envie de jouer avec lui. C'était fini. Ezra me rappelait trop de mauvais souvenirs que je ne pouvais plus me moquer et m'amuser avec lui. Ezra ne représentait plus ces moments de détente. Cela faisait quelques semaines que le jeu s'était arrêté. Ezra avait insisté et j'espérais qu'il comprenne que je n' avais pas le coeur à ça. Je marmonnais un salut, histoire de mettre les choses au clair. Il devait ignorer les raisons de mon extrême mélancolie. Et je ne m'apprêtais à attendre qu'il me pose la question. En y réfléchissant bien, il n'y avait rien entre nous, que des rigolades, rien de solide. J'espère que tu n'as pas trop briser de cœur depuis qu'on s'est vu.  La preuve, je ne savais même pas quoi lui parler, alors tu ressassais les taquineries habituelles, sans aucun entrain. En fait, il aurait été logique que je le snobe comme le reste de la classe, mais quelque chose en moi s'y refusait. Je me demandais quoi à présent. Mes yeux le contemplèrent, sans aucune discrétion, et allèrent rester fixer ses prunelles bleus métalliques. J'eus un petit coup au coeur. Ouai, peut-être ça, mais ça ne suffisait pas pour autant. Je me raidis à nouveau. Je venais de perdre mon fiancé, clairement je ne pouvais pas m'occuper de ça pour l'instant.