J’avais besoin d’air. De décompresser, d’évacuer. Je venais de passer un week end… Pénible, dirons-nous, chez mon père. Aria n’avait pas pu venir, et c’était sûrement tant mieux pour elle, même si au téléphone elle m’avait dit s’en vouloir. Ce n’était rien, ça arrivait. J’avais vite éludé le sujet, décidée à commencer ma semaine de façon plus agréable, et j’avais donc décidé après les cours de me rendre à la salle de musique, espérant pouvoir y jouer du piano, évidemment. Ou du violon, mais j’étais plutôt d’humeur à jouer du piano là. Je déambulais donc dans les couloirs, jusqu’à entendre une mélodie… Du piano. Mais une chanson que j’avais déjà entendue, souvent jouée par les mains d’une personne que je ne connaissais que trop bien. Je ralentis ma cadence, m’approchant de l’embrasure de la porte, jusqu’à y découvrir la silhouette de Noaly. Parfait, c’était absolument parfait, exactement ce dont j’avais besoin pour décompresser. Je poussais la porte pour entrer, en silence. Elle me remarqua évidemment, et je fis un petit sourire avant de m’approcher du piano, pour ensuite m’installer juste à côté d’elle. « Passes à deux mains » Soufflais-je pour ne pas trop la déconcentrer, et je me préparais à la rejoindre dès qu’elle prendrait un temps de pause. Les mélodies en duo sont les plus belles, surtout avec Noaly. On s’accordait toujours instantanément, m’voyez, alors forcément, le rendu était divin. C’était mon petit échappatoire, hors des bouquins de langues. Et même si à l’origine, j’avais voulu être seule, voir la jeune femme ne me dérangeait pas plus que ça. C’était le genre de présence qui m’apaisait, ne me perturbait pas.

J'avais ce besoin fou de musique, ce besoin fou d'évasion, mon évasion est la musique était perfection pour faire cela. Je n'étais pas forcément toujours bien meme quand j'avais aucunement des soucis ou des réflexions en tete, j'étais quelqu'un de compliqué mais la musique me rendait plus simple comme une mélodie formidable, je devenais bien plus moi que dans d'autres instants plus traumatisants. Je ne savais pas vraiment si c'était quelque chose de normal mais peu importe, moi, je me sentais bien en musique et c'est tout. Aujourd'hui, je n'avais pas le besoin forcément de faire de la musique mais j'avais juste envie, une envie simple de faire ça, de tapoter sur un piano un doux morceau, actuel, de le revisiter ensuite, de le chanter, de le vivre très simplement. Je marchais vers la salle de musique, cahier en main, sac à dos très cool dans le dos et semblant battre de l'air tant il contenait peu de choses. Je lachais sur le canapé près de la porte mes affaires avant d'aller toucher le piano de mes doigts fins et l'ouvrir. Je me posais sur le siège et inspirant fort comme prenant mon courage à deux mains, je commençais à jouer balayant tout autre pensée en un touché. Je débutais alors un morceau bien plus qu'actuel, surement un peu vieux mais récent à la fois déjà revu par des artistes mais j'avais choisi le piano : Dynamite serait mon morceau du jour et je l’entonnais déjà :

"I throw my hands up in the air sometimes
Saying ayo
Gotta let go
I wanna celebrate and live my life
Saying ayo
Baby lets go"

Mais soudain, on venait déjà s'assoir à mes cotés me poussant lègèrement et je compris très vite que ça ne pouvait etre que Liberty. C'était tout drole mais dès qu'on allait en solitaire jouer dans la salle de musique, l'autre le ressentait ; c'était surement ça une âme sœur musicale et elle était la mienne. Elle me suivait un ou deux tons au dessus ayant choisi un peu plus grave pour pianoter doucement et me faire une variente. On s'accordait toujours bien et en bonne musicienne, on savait joué beaucoup de morceaux. Nous jouions avec le sourire aux lèvres et à la fin, je la serrais fort dans mes bras ; nous déchirons toujours en fait nous ... on devrait limite passer un concours, nous les turions tous, non ? Dis-je en tendant ma main en l'air pour un high five de choc.

Notre point commun avec Noaly ? Outre notre maison, à savoir la Castelli, la musique. Je ne connaissais pas de fille aussi passionnée par la musique qu’elle. En dehors de moi, je veux dire. Parce que moi, ma passion première était peut-être l’apprentissage des langues, mais mon exutoire c’était le piano. Je m’étais donc installée aux côtés de la jeune femme sans prévenir, puisque je savais pertinemment qu’elle allait comprendre ce que je voulais faire, à savoir jouer à deux mains. C’était presque une coutume entre nous, quand nous nous croisions dans la salle de musique, de jouer ensemble. Je me posais donc sagement à ses côtés, entonnant la chanson quelques octaves en dessous, calmement, m’adaptant à son rythme en une fraction de secondes. Alors qu’elle chantonnait, j’entonnais également juste derrière, connaissant la chanson :

« I'm gonna take it all night, I'm gonna be the last one standing. I drove around like I'm gonna be the last one landing cause I-I-I believe it, and I-I-I, I just want it all, I just want it all. I'm gonna put my hands in the air, hands in the air »

Puis nous jouions toutes les deux le temps de clore le morceau, jusqu’à ce qu’ensemble, nous nous détachions des touches. En synchro. La perfection. nous déchirons toujours en fait nous ... on devrait limite passer un concours, nous les turions tous, non ? Observa Noaly, tendant la main alors que je répondais à son high five. « Evidemment ! On est inégalables, je demande à voir d’autres duos de pianistes tiens ! » J’esquissais un sourire, avant d’embrasser sa joue, me redressant. « Je m’attendais à trouver la salle déserte. Toi aussi tu as eu besoin d’une pause musicale ? » Demandais-je alors, avec un demi sourire.

Et c'est comme une mélodie formidable que je joue accompagnée de celle qui sait toujours me compléter parfaitement, c'est comme si nous étions faites pour jouer ensemble si bien que je suis presque émue à chaque instant. Je regarde calmement mon ami du coin de l’œil alors que sa voix s'élève à son tour et que je ne peux que plus sourire de voir autant de vive participation. Je chante de plus belles, cherchant à trouver les notes parfaites, le ton parfait quand soudain, la fin arrive et attristée, je nous complimente d'une mine boudeuse. Pourtant, je remarque très vite par son regard qu'elle n'est pas du tout surprise de notre alchimie musicale. Elle rit doucement tout en confirmant nos grandes performances presque prête à ce qu'on puisse combattre contre d'autres duos alors je pouffe doucement répondant : je suis sur que nous resterions formidables et imbattables ! Elle dépose un baiser sur ma joue et je suis pleine de joie. Je passe une main dans mes cheveux alors qu'elle émet le souhait de comprendre ma presence alors calmement, je répond : oui j'avais aussi besoin d'un moment avec le piano, avec la musique comme pour zapper le reste ! Je sais que c'est le seul moment où je domine mon caractère de dingue ... Je grimace car je dis dingue pas dans un bon sens mais plutôt dans le sens où le monde me croit folle, littéralement. Et toi ? dis-je soucieuse de son bonheur.