Heureusement que je suis commissaire, sinon je n'aurais pas été capable de mener cette enquête qui me tracasse depuis quelques semaines. La dernière fois que j'ai vu notre cher conseiller Bridgestone, il n'avait pas l'air d'être en pleine forme. Et pour cause, l'odeur d'alcool qu'il dégageait m'a mis la puce à l'oreille. Qu'est-ce qu'un type alcoolique viendrait faire dans le conseil de la ville ? C'est quelque chose d’inenvisageable pour moi, et pourtant, il fait parti des personnes les plus influentes de la ville. Il faut que j'essaie de le coincer pour quelque chose, mais ce n'est pas tout à fait dans mes cordes, moi qui m'occupe plus des enfants. D'ailleurs, je crois que je vais être servi car j'ai convoqué les deux filles Bridgestone pour un interrogatoire. Les bleus que j'avais observé sur Aria ont attisé ma curiosité, et je ne pense pas pouvoir être capable de laisser cette jeune fille dans une situation pareille. Reste à savoir : qui la frappe ? Mes doutes se portent bien évidemment vers son père, cet homme si respecté dans la ville.. mais que je n'arrive pas à cerner. De ce fait, j'ai convoqué les deux soeurs jumelles et même si elles ont été réticentes à cela, elles ont fini par accepter. J'espère seulement que leur père ne sera pas au courant, sinon je risque d'avoir des problèmes. Je n'ai pas pu ouvrir d'enquête là dessus, je n'ai pas assez de preuves. J'espère donc obtenir des réponses à mes questions, attendant impatiemment Liberty et Aria.

De quoi ? Sur le moment, t'avais pas compris. T'avais retournée le problème encore et encore dans ta tête sans trop savoir quoi faire. Au final, peut être qu'il n'y avait pas de solution. Et cette foutu boule au ventre qui semblait ne pas vouloir partir. Ouais. T'avais aucune idée de ce qui allait se passer et tu savais que si ton père venait à être au courant de tout ça, les choses seraient des millions de fois pire par la suite. Le dilemme. Et pourtant, t'avais la sensation de ne pas avoir vraiment le choix. Après tout, comment refuser une convocation par le commissaire ? Alors au final, tu avais attendu que ton si adorable géniteur quitte le domicile pour partir avec Lily en direction du commissariat. Si les choses venaient à se savoir, c'était la fin. La fin du monde. Tenant ta jumelle par la fin, tu passais la porte du lieu avant de plonger ton regard dans le sien. Le genre de regard qui voulait dire que tout irait bien, que c'était rien et qu'il ne fallait pas paniquer. Sauf qu'au final, même toi, tu n'étais pas vraiment sûre. Tu laissais ton regard se posait un peu partout sur l'entrée sans trop savoir si vous deviez aller dans un endroit particulier ou pas. Peut être que se présenter à l'accueil était une bonne idée ? Ouais. « Aria et Liberty Bridgestone. On a eu une convocation. » La femme de l'accueil -aussi désagréable soit-elle- vous indiquez une porte vers la quelle tu allais sans broncher. L'tout était de savoir ce qu'on pouvait bien vous vouloir.

« Tant qu'on rentre avant lui, ça devrait aller. Puis de toutes façons, c'est un flic, les flics se posent jamais de questions longtemps. » Mais alors pourquoi ? Pourquoi est-ce que ce flic là nous avait convoquées toutes les deux au commissariat ? Déjà que j'étais pas enchantée de devoir passer la soirée à la maison, imaginez ma peur en devant aller d'abord voir les flics. Et s'il l'apprenait ? Assurément, nous allions passer un sale quart d'heure. Alors tout ce que je pouvais espérer, c'est que ça se passe vite, que ce soit des questions de routine, je sais pas quoi. Mes doigts se resserraient sur la paume d'Aria alors que nous entrions dans l'établissement. J'avais peur, le commissariat c'était comme l'hôpital pour moi : Désagréable, oppressant. Aria avait l'habitude, elle pris donc l'initiative d'aller voir la femme à l'accueil pour nous présenter. « Aria et Liberty Bridgestone. On a eu une convocation. »Sans le moindre sourire, la femme nous indiqua une porte. Nous nous dirigions alors vers elle, et je pris cette fois l'initiative de frapper, lançant un regard tendu à ma soeur. C'est pas comme si nous avions l'habitude de jouer la comédie maintenant. Suffisait, une fois de plus, de hausser les épaules et d'agir comme si tout allait bien à la maison. Nous sommes les jumelles maudites, celles qui ont perdu leur mère et leur soeur. Et nous devions rester maudites "juste pour ça".

Il est bientôt quatorze heures, les deux soeurs ne devraient pas tarder à arriver. D'ailleurs, je reçois un appel de la secrétaire qui m'avertit de leur arrivée. Je me lève de ma chaise et me dirige vers la porte pour ouvrir mon bureau. Elles vont surement prendre peur par rapport à mon invitation au commissariat, ça n'est jamais très bon quand on est convoqué n'est-ce pas ? Je veux juste avoir des réponses, qu'elles me confirment sur mon idée ou non. Je peux me tromper après tout, même si je suis certain qu'il y a bel et bien quelque chose. J'ouvre donc la porte de mon bureau et aperçois les deux soeurs jumelles dans le hall. « Par ici mesdemoiselles. » dis-je en leur faisant signe d'entrer dans mon bureau. Elles n'ont pas l'air rassurées, et je vais tout faire pour que ce soit le cas. Je ne suis pas un flic méchant, je suis réputé pour être plutôt sympa en général. « Asseyez vous. » Je leur adresse un petit sourire et repars m'asseoir en face d'elles. Je porte mon regard sur la première des deux, qui a l'air d'être extrêmement agacée par la situation, puis sur la deuxième, qui a l'air d'être plutôt paumée. Je sors deux trois feuilles de papier et ouvre un fichier Word sur mon ordinateur. « Bon, je ne vais pas tourner autour du pot, mais j'aimerais vous poser quelques questions si vous êtes d'accord. » dis-je d'une voix douce, rivant mon regard sur les deux jeunes femmes. Je ne suis pas certain qu'elles soient très aptes à répondre à mes questions mais bon, faut bien essayer.

En fait, au final c'était ça qui te terrifiais. Penser que quelqu'un pouvait être au courant de votre secret. Parce que tu ne voulais absolument pas que ça soit le cas. Premièrement parce que tu savais d'avance que tu ne pourrais pas affronter les regards et deuxièmement parce que de toute manière, y avait rien pour le prouver. En gros, vous étiez juste bloqués dans cette situation et tout continuerais à alelr assez bien si personne ne venait s'en mêler. Cette convocation était totalement stressante, tu t'sentais vraiment pas bien et tu te demandais comment tu pouvais réussir à rester aussi calme en apparence malgré ça. Bordel quoi. La porte indiquait s'ouvrait d'un coup laissant apparaître un inspecteur ou du moins, le mec qui semblait être chargé de vous parlez. Sans broncher, tu entrais dans le bureau comme il le demandait adressant tout de même un regard à Lily. C'était quoi cette blague ? Prenant place sur la chaise, tu levais les yeux au ciel attendant de savoir ce qu'il pouvait bien vouloir. Ta jumelle, elle, semblait totalement tétanisée et après une minute d'hésitation, tu finissais par poser ta main sur la sienne. Pour la rassurer, lui monter que t'allais gérer la situation et que tout irait forcément bien. « Et si on est pas d'accord ça veut dire qu'on peut repartir maintenant ? » T'avais répondu du tac au tac montrant une nouvelle fois l'effrontement dont tu pouvais faire preuve.

La porte du bureau s’ouvrit, dévoilant un homme plutôt grand. Je fronçais alors les sourcils, mon regard déviant vers Aria. Ça aurait pas pu être UNE flic ? « Par ici mesdemoiselles. » Je hochais la tête en m’efforçant de lever la tête pour le regarder. J’ai le regard fuyant avec les hommes que je ne connais pas, mais en l’occurrence, ça peut jouer en notre défaveur. « Asseyez vous. » Dit-il avec un petit sourire, qui me fit plisser les yeux un bref instant. Néanmoins, j’obéissais, et m’installais sur une chaise, aux côtés d’Aria. Je tenais nerveusement un pan de mon tee shirt. Je déteste les interrogatoires. Aria posa alors sa main sur la mienne, tenant mon tee shirt, que je lâchais aussitôt, expirant, me détendant. Elle est là, tout va bien se passer. « Bon, je ne vais pas tourner autour du pot, mais j'aimerais vous poser quelques questions si vous êtes d'accord. » Je me mordais l’intérieur de la joue. Evidemment, des questions. Ce flic avait l’air plutôt doux, mais… C’est bien connu, je n’ai pas confiance. Je restais alors silencieuse, jusqu’à ce que ce soit Aria qui prenne la parole : « Et si on est pas d'accord ça veut dire qu'on peut repartir maintenant ? » Je fronçais le nez. Evidemment, Aria la rebelle. Je déglutis. Il fallait que je dise quelque chose, pour qu’on paraisse moins sur la défensive. Je me décidais enfin à relever la tête pour regarder Aria : « Aria. » J’échangeais un regard avec elle. C’est pas le moment, sinon il va pas nous lâcher. Je regardais ensuite l’homme. « Posez vos questions, mais j’en ai une en première s’il vous plait : Vous êtes ? » J’aimerais d’abord savoir à qui je répond.