Je regarde nerveusement ma montre. Il est 18h25 et je n'ai toujours pas terminé ce devoir en droit civil. Cela fait une semaine et demie que j'y travaille en dehors de mes cours. Le professeur est fou. On l'a rapidement compris lorsque tout l'amphithéâtre s'est retrouvé tous les soirs en salle informatique. On fait semblant de rien, mais à l'intérieur ça bouille d'énervement et d'épuisement mental. On continue à travailler parce que c'est soit ça, soit ub bel avertissement sur nos dossiers. Je regarde à nouveau ma montre. 18h27. Le temps passe beaucoup trop vite. Dans une heure et demie, je dois participer à un marathon. Une association a lancé cette idée afin d'élever des fonds pour les enfants malades de l'hôpital. Je suis très sensible à ce genre d'action, alors je n'ai pas hésité à en faire partie. Je n'ai plus qu'à rédiger plusieurs lignes et je pourrais souffler et courir en paix. C'est alors que l'écran s'éteint. Je cligne des yeux. Nooooon. Je commence à paniquer. Oh merde. Pffff. Pourquoi ça tombe que sur moi. On m'ordonne de me taire. J'hallucine. Je regarde la personne comme si elle figurait sur ma deadpool. Toi, t'es en train d'avancer ton devoir. Moi, j'ai tout perdu, alors ta gueule. Je crois que je vais pleurer. Mon devoir. Mon précieux. Envolé. Pouf. Mais ce n'est pas encore fini. Quelque chose vient de s'afficher sur l'écran. Ah... j'ai perdu ma voix à la vue des verges qui apparaissent et se multiplient. Je panique encore plus et touche sur toutes les touches possibles. Et puis, dans un éclair d'intelligence, je me rappelle des conseils que m'a donné Aiden. Echap, echap, echap. Rien. Ctrl+alt+suppr. Rien non plus. C'est bon je peux paniquer à nouveau. En parlant d'Aiden... vite, je prends mon téléphone portable. Aiden, j'ai un gros problème en salle d'info. Viens vite, c'est urgent, s'il te plaaaait. Je le pose nerveusement. Je n'ai plus qu'à attendre. Je n'ose pas regarder les pénis qui se dandinent sur l'écran noir. Je rougis vivement et lance des regards précipités aux alentours. Heureusement que je suis dans un coin de la salle. Je lève les yeux au ciel et prie le dieu -qu'importe lequel- qui m'a sauvé d'une honte intersidérale.
Aiden est là. Je souffle d'espoir et ne le lâche pas des yeux. Mon sauveur. J'ai presque envie de chialer tellement je suis heureuse qu'il soit là et qu'il répare ce merdier. Il me demande ce qu'il m'arrive. Je n'ai pas à répondre, car la cause s'étale devant lui. La surprise d'abord et puis un fou rire qu'il emprisonna dans ses mains. Moi, j'étais tremblante. J'avais eu peur. Je m'étais demandé qui pourrait bien trouver ça drôle. Mais le réaction d'Aiden me fais sourire, malgré moi. C'est pas drôle Aiden. Je fais la moue et essaye de dissimuler mon amusement. Beurk, mais qui ça amuse ce genre de truc ? Retire-moi ça Aiden. J'ai pas réussi et... Un énorme chut traverse la salle. Cette fois, c'est trop. Oui, c'est bon, j'ai compris. J'ai un problème informatique alors tu permets. Je me retourne vers Aiden comme s'il s'apprête à sauver des personnes d'un incendie.


 

Aiden n'avait plus l'ombre d'un regret quant à son déplacement. Bien sûr, il se serait bougé jusqu'au fin fond des états-unis si l'un de ses amis lui avait envoyé un message requérant son secours, alors qu'importe les grognements qu'il pouvait émettre il était on ne peut plus normal qu'il ait quitté son canapé pour Sully. Mais aujourd'hui, cette opération avait une sacrée cerise sur le gâteau. Ou plutôt sur l'écran. Qu'importe les yeux aux sourcils froncés, les mines que l'on tournait vers eux pour leur dire de faire un peu moins de bruit, Aiden avait du mal à retenir son rire d'éclater. La scène était tout simplement ridicule. Sully était sûrement une des personnes les moins douées qu'il put connaître en matière d'ordinateur -elle s'en fichait tellement, que cela n'avait rien d'étonnant- ; et la liste des faits qui auraient pu conduire à un tel spectacle de bites en folies sur son écran étaient nombreuses et dignes des plus grandes hypothèses. Est-ce qu'elle avait ouvert un e-mail par erreur ? Avait cliqué sur un site sans s'en rendre compte, une publicité menant à une autre ? Le fait est qu'elle avait un virus sur son ordi, un virus des plus gênant. Qu'est-ce qui pouvait bien passer par la tête du type qui avait conçu ce virus ? S'était-il levé un beau matin en se disant qu'aujourd'hui, il allait inonder l'ordi d'une tierce personne de pénis ? Chacun sa façon de se marrer, et celle ci ne semblait pas ignorer Walsh. Plus que le virus, c'était la mine affolée de son amie qui l'amusait. Tentant de se reprendre, le jeune homme inspira une longue bouffée d'air, expira, le sourire amusé tremblant toujours au coin de ses lèvres. « Si, c'est trèèès drôle. » répondit-il en laissant de nouveau percer un début de rire. « ça n'arrive qu'à toi ce genre de choses, comme si tout l'univers informatique s'était ligué contre toi. » les yeux rivés sur l'écran qui n'en avait plus fini. La remarque de Sully lancée à un étudiant un peu plus loin le fit doucement sourire. « un … très « gros » problème même. » graveleux, il restait un mec et le champ des blagues étaient aujourd'hui immense. Il soupira doucement avant de faire glisser le clavier d'ordi jusqu'à lui. Mieux valait arranger tout ça avant qu'un prof ne vienne jeter un œil à ce qu'ils pouvaient bien faire. « bon je t'enlève ça, et je te met un nouvel anti-virus. » il commença à faire glisser ses doigts sur le clavier, à la recherche de la source du problème. « tu veux pas en garder une comme fond d'écran ? » lui demanda-t-il d'un ton moqueur.

Je n'arrive pas à le croire. Aiden se moque de moi, ouvertement. Ce doit être sûrement parce que je me retrouve si embarrassée dans cette situation. Je dois faire une de ces têtes... le monde entier s'en amuserait. Je ne peux pas me fâcher, tout est si ridicule et prise à la légère avec Aiden. C'est ce que j'aime bien avec lui. On ne voit pas passer le temps et c'est obligé de ressortir endolori des abdo après avoir passé une heure en sa compagnie. Je ne pourrais jamais l'engueuler pour de vrai. D'ailleurs, pendant nos leçons d'informatique, le ton s'élève souvent, mais à la fin on sait que tout va bien entre nous deux. Ce sont des engueulades pour le plus grand bien du monde. Alors, après qu'il m'est taquiné sur mon incapacité à vivre en symbiose avec un ordi, je fais l'élève qui ne veut rien entendre. Je crois les bras et fais une moue d'une enfant pourrie-gâtée. Mais heeeeu. Je le regarde néanmoins avec une lueur d'espoir dans les yeux. Pourquoi ça me fait ça ? Ça me l'avait jamais avant. Pourquoi, là, maintenant, ici ? J'ai haussé la voix dans les aigües tout en chuchotant. J'ai vraiment la poisse. Et mon marathon qui commence dans... trois quart d'heure! Je hoche la tête en direction de Aiden, même si j'ignore ce qu'il va faire. J'avais beau cliquer sur l'écran, rien n'était apparu. Comment est-ce que le pro en informatique allait-il s'y prendre ? Je rigole nerveusement à sa blague. Vas-y, fait-toi plaisir, mais perso je vais essayer d'oublier ce qu'on a vu pour le restant de mes jours. Je lui fais un sourire grinçant. C'est alors que mon iphone se met à vibrer comme un fou. Fuck. Je désactive l'alarme en moins d'une. C'est maintenant que je devrais quitter la salle d'info et me préparer pour le marathon. Je stresse. Je suis toujours stressée quand il s'agit d'un concours. J'ai toujours envie de gagner, d'arriver la première et de faire la fierté de ma maison, les Castelli. Je soupire. Je crois que cette fois, c'est mort. Tu crois que tu en auras pour longtemps ? Je me craque les doigts. Ça ne tombe pas à pic. C'est un peu prétentieux de ma part. Aiden est venu exprès pour m'aider et maintenant je le presse.