Jade et Cocci x3

Le soleil s'efface, dans les monts où sa clarté s'étale, ajustant à son arc d'or sa flèche horizontale, voila qu'apparait le bleu crépuscule aux mains efféminées, tu frémis sous ce grand ciel, précipice de l'âme, abime effrayant d'ombres et de tranquillité, la nuit, masque de spectres et de doutes qui a la capacité de faire trembler un cœur sans reproche.
Tu es dans ta demeure, seule, tu te prépare à sortir de cette grande bâtisse qui appartient à ta famille, cette famille que tu ne vois jamais, abandonnée, oubliée, ô paria! tantôt enfant, tantôt reine, ton regard doux sous tes cils rêveurs, l'innocence, et l'amour, qui sans tristesse encore, flotte empreint sur son front comme une vague aurore. Le ciel dans tes yeux te fait oublier cette demeure vide, mettant l'enfer dans le cœur de tes chers parents qui eux souffrent loin de toi. Il est temps pour toi de sortir petite coccinelle, va, cour, vole. Te voila dehors, tu observes le ciel, souriant à la lune assise sur les prés ou son flambeau te luit, tu avances et monte dans ta voiture décapotable qui pue ta richesse, mais c'est un cadeau alors tu la garde, si ça ne tenait qu'à toi tu irais en bus.
Tu roules sur la ville noircie, où le peuple déferle, le ciel, en des douceurs de turquoise et de perle, le ciel semble, ce soir d'automne, défaillir. L'heure passe comme une femme sous un voile, te voila à South East, quartiers calmes aux quais déserts où s'endorment les bateaux, tu te décides à rejoindre ton amie dans un bar, tu avances, errante, silencieuse, c'est l'instant pour toi de songer aux choses redoutables de la nuit, tu entends les buveurs danser autour des tables, les lettres des chansons qui sortent de leurs bouches vont écrire autour d'eux leurs noms sur leurs tombeaux, autour de toi tout marche et vit, tout rit, tout aime, tu rentres dans le bar et la cherche du regard, elle n'est pas là, tu es en avance, tu te décides alors à rejoindre une table vide, t'y posant tout doucement, en silence, comme si tu avais peur de faire du bruit, tu détestes ce moment où tu es seule dans un bar, tu ne veux pas qu'on te voit, tu ne veux pas qu'on te remarque, toi, la petite blonde fragile, alors tu pries pour que ton amie Jade apparaisse très vite, tu pries pour qu'on t'épargne, le moment et lugubre et ton âme est accablée, pourtant avoir peur ne te ressemble pas, tu es plutôt de ceux qui se brulent les ailes, mais pas ici, pas maintenant alors qu'un tas d'hommes portant la moustache sont autour de toi, tu paniquerais presque mais tu es confiante, ton amie arrive, courage petite coccinelle.