C'est pour quoi ?

Les cours venaient de se terminer et je n’avais qu’une envie : rentrer à la Valmont House pour m’étaler sur mon lit. La journée n’avait pas été épuisante mais j’en avais simplement plein la tête. J’avais mal au crâne et une simple envie d’être au calme pour me vider la tête. Je pris donc la direction de la sortie de l’université, puis de la maison et enfin de ma chambre. Je n’avais croisé personne pour mon plus grand plaisir, personne pour me parler, me retenir, je pouvais presque paraitre insociable ce qui n’était pas le cas d’ordinaire mais là ça s’en approchait. Arrivée dans ma chambre, Aria n’était pas là. Soit elle était déjà ressortie, soit elle n’était pas encore rentrée des cours et elle n’allait pas tarder à arriver, je n’en savais rien mais en même temps j’avais tellement couru ou presque pour arriver jusque là que les deux solutions étaient possibles. Etalée sur mon lit, mon sac jeté dans l’entrée de la chambre je fermais les yeux un instant. A peine quelques minutes après être arrivée dans la chambre, j’entendis des pas derrière la porte. Aria arrivait et mon calme était terminé. Ce ne fut pas manqué à peine quelques secondes après m’être fini de dire ça la porte s’ouvrait… Mais pas sur Aria… Sabian était là dans l’entrée un sourire jusqu’aux lèvres. Comment dire que je ne m’attendais pas du tout à lui et que je n’avais pas spécialement envie qu’il soit là. Depuis la soirée O’Connor je me posais pas mal de questions et surtout sur la nature de mes sentiments… J’en étais arrivée à me dire que peut être je ressentais plus qu’une simple amitié, attirance pour lui et cela ne me plaisait guère, surtout que j’entendais toujours Jules me mettre en garde contre ça… Et voilà je m’étais faite prendre à mon propre piège. Voyant Sabian dans l’entrée de la chambre je me redressais donc d’un coup et lui lançai la première chose qui me venait à l’esprit : « Qu’est ce que tu fais là ? »

Depuis quelques jours, Sabian n'était pas très bien. La soirée O'Connor fut assez spéciale. Rien de ce qu'il avait prévu ne s'était passé. Ambre l'avait embrassé devant tout le monde alors que jusqu'ici, cela restait qu'entre eux. Eugenia s'était mise une mine et avait très mal vécut ce rapprochement. Et Jules, non mais Jules on s'en fou donc next. Sasha était venue le voir hier pour mettre les choses au clair avec le bipolaire. Sa venue a été particulièrement mal vu par le jeune homme qui soupçonnait une initiative d'Eugenia. Bref, que des problèmes, toujours les mêmes histoires. Il avait l'impression de tourner en rond en ce moment. Un peu blasé de sa vie, Sabian avait tourné en rond une bonne partie de la journée. Il n'était même pas allé en cours, c'est peu dire. Disons plutôt qu'il s'était défoncé et avait fait la larve sur son lit. Programme de merde pour une vie de merde. Il essayait de réfléchir mais il ne trouvait pas de solution à ses problèmes. Tout le monde lui en voulait, il ne faisait rien de bien, ils étaient tous contre lui. Heureusement qu'il pouvait compter sur quelques personnes comme Ambre ou encore sa petite soeur d'amour qu'il aime. Après tout, qu'ils aillent tous se faire foutre. Sabian rentra dans sa chambre et alla se changer. Oui, il revenait de l'entrainement, la seule chose qu'il faisait encore par plaisir. Le sport était pour lui une véritable délivrance. Après son heure quotidienne de sport, il se sentait déjà mieux. Ses coéquipiers avaient prit cher d'ailleurs. - ne voyez ici aucune connotation sexuelle - Sabian a été très agressif durant cet entrainement mais c'était bénéfique pour lui. Vraiment, il se sentait bien. Ça combiné à ses fumettes, parfait, il était boosté à bloc. Après une bonne douche, le beau brun s'habilla et quitta sa chambre en trombe. Pris d'une pulsion, il dévala les escaliers et changea rapidement de bâtiment. Avec une petite idée derrière la tête, il ne voulait pas rester seul. Oh non, surtout pas en ce moment, il avait des petites tendances suicidaires. C'est donc motivé qu'il débarqua dans la chambre d'Ambre. Pourquoi elle ? Bonne question, il s'était laissé guider par sa double personnalité et il avait atterri ici. Ce genre de folie inconsciente lui prenait souvent. Il ouvrit la porte sans même chercher à comprendre et vit Ambre. Cette dernière était tout aussi surprise que lui de le voir ici. Elle lui demanda machinalement ce qu'il foutait là. Après tout, c'était bien la première fois qu'il venait ici de sa propre initiative. Sabian afficha un sourire bête. « Aucune idée, je passais dans le coin, j'ai eu envie de venir te voir » répondit-il sans quitter son sourire. Mensonge Sabian, ta maman ne t'a jamais appris qu'il ne fallait pas mentir ? Bah non. Peu importe, il vit qu'Aria n'était pas là. Rouuur aujourd'hui il avait de la chance. « Mais je peux partir si ma présence ne te convient pas. » dit-il en avançant et en fermant la porte derrière lui. Non, il n'avait clairement pas l'intention de partir. Le bipolaire s'avança vers Ambre et vint s'installer juste à côté d'elle sur le lit. Oh le lourd ! Il allait sortir une réplique à la con, genre vieille phrase de drague, mais la voix de la sagesse le résonna et il préféra se taire.

C'est pour quoi ?

Posée sur mon lit j'avais fermé les yeux au moins cinq bonnes minutes. Là, plusieurs images avaient défilé, mon frère, mes parents, notre vie en France. J'étais un peu nostalgique, comme Jules d'ailleurs, à cette époque nous étions plus jeunes et plus innocents, nous avions nos petits tracas pour notre âge mais j'avais l'impression que c'était beaucoup moins qu'actuellement et pourtant à cette époque la maladie était très présente et j'étais plus souffrante, moins à profiter. Maintenant je revivais et cela faisait du bien. Pour mon frère je revivais peut être un peu trop et il avait peut être raison. En fait, raison ou pas mon frère avait le don pour que je me pose des questions juste après qu'il me parle de certaines choses. Comme Sabian... Sabian qui venait d'entrer comme une furie dans ma chambre, sans frapper, ce qui n'était pas du tout à son habitude et qui était venu s'assoir très rapidement près de moi. Il avait bien sûr noté qu'Aria n'était pas là au passage, ou pas encore, j'en étais sûre. « Je ne m'attendais pas à te voir ... Et encore moins à te voir débarquer dans ma chambre sans frapper... » Je le regardais en haussant les sourcils. Après la réflexion que j'avais eu à son sujet, j'étais un peu mal à l'aise avec Sabian. Je me relançais en arrière et fermais à nouveau les yeux. « Tu ne me déranges pas, enfin pas tant que tu ne m'empêches pas de me reposer... » Ca voulait tout dire, si il avait une idée dans la tête il allait devoir l'oublier. Je n'étais pas de cette humeur, je n'étais pas d'humeur dragueuse, dhumeur à aller vers lui sachant finalement que je souffrirais, que c'était voué à cela car j'avais des sentiments pour lui que lui n'avait pas.

Sabian n'était pas venu souvent ici. Les rares fois où il avait foutu les pieds dans la chambre d'Ambre, c'était à chaque fois mémorable. Leur relation était plutôt étrange. Comme des sex-friends ? Non pas tellement, c'était autre chose. Au début, le bipolaire s'était intéressé à elle car elle avait un physique très avantageux. Mais lorsqu'il comprit que cela faisait chier Jules, il en rajouta un couche. Sabian aimait l'interdit et le fait qu'Ambre soit sous la pseudo protection de son frère, l'attirait encore plus. Le beau brun aimait les défis, il aimait se mettre dans des situations délicates. C'était un plaisir assez malsain mais c'est ce qui lui correspondait. Et là en l’occurrence, ça lui plaisait. Ambre n'était pas comme d'habitude, il l'avait capté avant même de lui parler. Sabian était très empathique et détectait quand quelque chose n'était pas normal. Enfin normal, tout était relatif avec ce bipolaire. Il s'était approché de la blondinette et s'était carrément installé sur son lit, non loin d'elle. Il affichait un petit sourire sur son visage. Non vraiment il était content d'être là. Au vu se sa remarque, Ambre fut surprise de le voir débarquer sans frapper. D'ailleurs, même lui en était étonné. Elle s'allongea et lui annonça qu'il pouvait rester à condition qu'il la laissait se reposer.  « Ca ne gène pas. Je vais rester là à te regarder dormir. » dit-il tout en se mettant de côté. Il posa son coude sur le lit et vint blottir sa tête dans sa main. Sabian était parfaitement installé. Les chaussures presque sur le lit. Ah bah là où il y a de la gène, il n'y a pas de plaisir. Il humidifia sa lèvre inférieure, il ne la lâchait pas du regard. Un petit silence s'installa entre eux; Au bout de quelques instants, il se décida enfin à parler. « Tu es belle. » murmura-t-il. Quelque chose n'allait pas mais ne voulant pas gâcher ce moment, Sabian n'osait pas demander pour l'instant.

C'est pour quoi ?

Etait il sérieux ? Allait il rester là à me regarder dormir paisiblement ? Je n'y croyais pas. Enfin le Sabian que je connaissais ne ferait pas cela. Il pouvait être doux et adorable mais pas mielleux comme le fait de me regarder dormir pouvait l'être et encore moins le dire que j'étais belle. Ce mot je ne l'avais jamais entendu me le dire. Il était un ami, une vraie attirance pour moi et les compliments un peu trop romantiques n'avaient pas leur place entre nous, pas avant celui qu'il venait de me faire, pas dans la relation que nous avions selon lui, une relation qui avait évolué dans ma tête et mon coeur comme j'avais pu m'en rendre compte. Lorsqu'il prononça ces trois mois, je manquai de m'étouffer en avalant ma salive de travers. Je me relevai donc d'un coup et me tournai vers lui le surplombant alors qu'il était sur le côté la tête posée dans sa main appuyée sur son coude. « A quoi tu joues Hawkins ? » J'avais un petit sourire aux lèvres mais j'étais tout de même des plus sérieuses. « Non mais qu'est ce qu'il te prend, t'as pris un parpin sur la tête ? D'abord tu viens, tu frappes pas, tu me regardes dormir, tu me dis que je suis belle et pas bonne ou sexy ou canon... Enfin...» Je laissai ma phrase en suspend. Je n'allais pas être un pigeon, je n'allais pas tomber dans le piège et lui dire ce que j'avais sur le coeur, non je voulais qu'il me dise qu'il rigolait ou je ne sais quoi, qu'il me fasse comprendre qu'il ne ressentait pas la même chose que moi car j'en étais sûre, mes sentiments n'étaient pas partagés.

Certes ce n'était pas dans ses habitudes de se comporter ainsi mais qu'importe, pour une fois qu'il était de bonne humeur. Enfin, disons simplement que toute la drogue qu'il avait ingurgité aujourd'hui n'y était pas pour rien. Sabian n'a jamais été quelqu'un de gentil de base, il avait toujours ce petit côté malsain qui le poursuivait. Ambre lui demanda à quoi il jouait, elle ne croyait pas du tout à ce qu'il racontait. En entendant sa question, le jeune homme rigola légèrement.  « Mais je ne joue pas Valmont. » dit-il d'une voix assez neutre. C'était puéril de sa part mais d'un sens, il n'était pas vraiment conscient de ce qu'il disait. Sans être totalement inconscient, il avait juste quelques difficultés à associer ses pensées avec ses paroles, ça lui arrivait de temps en temps. « Qu'est ce qui t'arrive ? Pour une fois que je te dis quelque chose de gentil, ça ne te plait pas. » répondit-il d'une voix un peu énervée. Il était agacé d'entendre ça. Des reproches, toujours des reproches. Quoi qu'il fasse, ça n'allait pas. Sabian se prenait des remontrances par tout le monde, peu importe ce qu'il faisait, ce n'était pas bien. Le bipolaire se leva du lit un peu brusquement.  « Tu sais quoi ? T'as raison, c'est une mauvaise idée, j'aurais jamais du venir. » souffla-t-il. « Excusez sa majesté d'avoir été gentil. » conclu-t-il avant de s'incliner et de tourner les talons.

C'est pour quoi ?

Sabian avait pris la mouche d'un coup, il s'était renfermé et énervé d'un coup comme si je devais faire comme si de rien était à son changement de comportement comme ça d'un coup... Ce n'était pas possible et je n'étais pas comme cela, je le savais. Puis je commençais vraiment à bien le connaitre et je savais qu'il n'était pas dans son état normal cependant je n'allais pas le laisser parler et se barrer comme ça sans rien dire parce qu'il avait des circonstances atténuantes. « Avec moi t'es rarement désagréable alors ne me confond pas avec une des nombreuses filles que tu sautes s'il te plait ! » Je marquai un temps d'arrêt avant de reprendre toujours aussi sèchement et froidement. « Ne me prends pas non plus pour une con comme si t'étais simplement gentil ? Tu fais quoi ? Ca te plait de jouer avec les gens ? Avec les sentiments des gens ou c'est juste l'interdit qui t'attire ? » J'avais envie de le piquer de le blesser, de l'intriguer, de lui faire comprendre des choses mais dans son état il n'allait rien comprendre, j'en étais presque sûre. Je me faufilai entre lui et la porte de la chambre, il ne sortirait pas, pas tant que son état ne serait pas redescendu un peu et qu'il ne m'aurait pas expliqué à quoi il jouait. Et alors qu'il s'approchait de la porte bien décidé à sortir, j'étais moi même dédicée à ne pas me laisser marcher sur les pieds. « Je ne bougerai pas si tu veux savoir. »

Ambre n'avait pas totalement tord, depuis qu'ils se connaissaient, elle n'avait connu que la bonne personnalité de Sabian. Elle n'avait pas eu affaire à sa deuxième personnalité, au jeune homme bipolaire et malsain. Non, elle avait eu de la chance. Lui-même ne pouvait pas expliquer ça, elle le calmait et même si il restait plutôt malsain et spécial, il était relativement doux en sa présence; Non pas au point de le changer mais sa bipolarité s'atténuée en sa présence, il fallait bien l'avouer. Ambre parlait librement, elle n'était pas pareil que d'habitude, lui non plus d'ailleurs. Sabian avait trop fumé et elle, bah on ne sait pas trop ce qu'elle avait. Un coup de blues, une baisse de moral, ses règles ? Plusieurs hypothèses s'offraient à lui.  Il en avait marre de devoir se justifier à tout le monde sur ce qu'il faisait. Qu'on lui foute la paix bordel. A cet instant précis, Sabian regrettait d'être venu. Oh oui, il n'aurait jamais du penser à elle et venir la rejoindre dans sa chambre. Parfois tu es un gros abruti Sabian. « Tu me fais quoi là ? J'ai juste voulu me montrer gentil avec toi. Je ne vois pas pourquoi tu me parles de sentiments ! D'ailleurs, t'es plutôt mal placée pour me faire des reproches. Je ne t'ai jamais vendu du rêve, je ne t'ai jamais promis la lune, Valmont. On savait à quoi s'en tenir ! Donc t'es bien mignonne mais tes reproches, tu les gardes pour toi et tu te trouves un autre gigolo pour faire ta prude ! » dit-il agressivement. Et voilà, il était énervé. Bien joué!

C'est pour quoi ?

« Quelle conne j'ai été de croire que tu pouvais être un minimum sincère avec moi ! » Mes yeux n'allaient pas s'embués de larmes non pas face à Sabian et j'étais tellement énervée là que c'était impossible tout simplement. J'avais plutôt envie de le gifler là tout de suite maintenant. Je n'en revenais pas, j'aurais tellement dû écouter Jules. Je m'écartais donc de la porte, pris la poignet et l'ouvris. « Vas y casse toi ! Tu n'attends que ça je ne te retiens pas ! » Je me sentais tellement conne dans cette situation je n'avais qu'une envie : qu'elle se termine, qu'il parte, loin, enfin je ne sais pas mais que ça se termine. « La prochaine fois j'écouterai mon frère quand il me dira attention Ambre ce mec va te faire souffrir... » Oui je savais qu'il ne se passerait rien entre nous car il ne me l'avait jamais vendu, car nous avions toujours joué et uniquement joué mais je ne sais pas, j'avais espéré peut être que ses sentiments changent, comme les miens en fait. J'étais déçue, de lui, de moi, de tout en fait !